Histoire religieuse des États-Unis

Omniprésence de la religion

Lauric Henneton (Flammarion, 444 pages, 25 €,  2012)

Histoire religieuse des États-Unis

La religion semble aujourd'hui omniprésente aux États-Unis, à la différence d'avec les pays européens, très largement déchristianisés.

Cet essai dense de Lauric Henneton, maître de conférences à l'Université de Versailles, vient nous le rappeler opportunément. Un sondage de 2008 (Pew Forum on Religion and Public Life) rappellent que 92% des Américains se disent croyants et 56% considèrent que la religion joue un rôle «très important» dans leur vie. Même si l'athéisme et l'agnosticisme progressent dans la bourgeoisie blanche et intellectuelle.

Certes, la religion réformée (protestante) et les persécutions du XVIe et du XVIIe siècles sont à l'origine de douze des Treize Colonies qui ont donné naissance aux États-Unis (à l'exception du Maryland). Mais cela ne suffit pas à expliquer ce tropisme religieux.

Les puritains, parmi les premiers arrivés, vont devoir faire des concessions aux nouveaux-venus, juifs de Hollande, calvinistes wallons ou luthériens d'Allemagne chassés par les guerres de Louis XIV. La tolérance, selon Lauric Henneton, se présente dès lors moins comme un idéal que comme «un pis-aller aux fondements aussi pragmatiques qu'économiques».

On assiste entre 1730 et 1760 à une explosion de religiosité, portée par une multitude de confessions et de sectes. C'est le Premier Grand Réveil évangélique («First Great Awakening»), un mouvement qui n'est pas sans rappeler l'actuel Réveil des new-born baptistes et évangélistes.

Porté par des prédicateurs comme George Whitefield, il répond au besoin des nouveaux immigrants de se rassurer dans le nouvel environnement qui est le leur.

Pour l'historien, il semble que le phénomène n'ait eu aucune incidence sur le mouvement indépendantiste de la génération suivante.

La guerre d'indépendance fait planer le spectre de la déchristianisation comme dans la France des Lumières et la France révolutionnaire.

Des esprits éclairés comme l'écrivain Thomas Paine ou le meneur Thomas Jefferson expriment volontiers leur admiration pour le modèle français, fut-il déiste ou même athée.

En définitive, c'est le clan opposé qui l'emporte, celui de George Washington et John Adams. La nouvelle fédération américaine apparaît comme une «nouvelle Jérusalem», fer de lance de la chrétienté et de l'humanité.

Beaucoup plus tard, pendant la Grande Dépression des années 1930, ces certitudes seront sérieusement mises à mal et l'on assiste alors à une dépression religieuse et un recul de la foi, à l'exception toutefois des églises conservatrices ou fondamentalistes.

L'élection du démocrate Jimmy Carter, en 1976, marque un tournant et l'amorce d'un nouveau réveil évangélique. Le nouveau président est en effet un homme du Sud profond (Deep South) qui affiche de fermes convictions baptistes. Depuis lors, la religion apparaît comme une donnée primordiale de la politique américaine. Jusqu'à quand?

André Larané

Voir : La liberté de croire

Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47

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