Bossuet (1627 - 1704)

Prélat de cour

Jacques-Bénigne Bossuet, né dans une famille de magistrats de Dijon le 27 novembre 1627, découvre la Bible à 13 ans et c'est avec une vocation sincère qu'il accepte les charges ecclésiastiques auxquelles le destine sa famille.

Le futur prélat côtoie dès ses études au collège de Navarre, à Paris, un milieu de débauchés et de libertins comme le futur abbé de Rancé. Plus tard, ayant révélé dans le diocèse de Metz des talents de chaire exceptionnels, il est appelé à prêcher devant la bonne société. Ce n'est pas le moindre paradoxe de cette époque que de voir des dames et des messieurs de la haute aristocratie, pleins de turpitudes et de morgue, écouter avec gourmandise un prélat les tancer du haut de sa chaire.

Portrait de Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) par Hiacynthe Rigaud (1702, Louvre)
Fabienne Manière

Un prélat de cour

Bossuet accède à la célébrité quand il est appelé à prêcher le carême au Louvre, devant le jeune roi Louis XIV, en 1662. Il s'en prend avec tact à la liaison coupable du roi avec Mademoiselle Louise de La Vallière, au luxe de la cour, qui insulte la misère des paysans, en proie à la famine, à l'excessive sanction qui frappe le surintendant Fouquet...

Son talent oratoire et littéraire (au total 17000 pages) culmine dans les oraisons funèbres comme celle d'Henriette d'Angleterre, belle-soeur du roi, en 1670 (« Madame se meurt, Madame est morte ! »).

Son ouvrage le plus connu, très apprécié de ses contemporains et aujourd'hui bien oublié, est le Discours sur l'Histoire universelle (1681), une somme impressionnante dans laquelle il est fréquemment fait référence à la « divine Providence »,  formule favorite de l'auteur, qui a pris de nos jours une tournure ironique.

Évêque de Condom puis de Meaux, d'où le surnom qui lui sera donné d'« Aigle de Meaux », Bossuet se détourne de la chaire et devient le précepteur du Grand Dauphin jusqu'en 1681.

Le prélat se fait dès lors le chantre de la monarchie de droit divin, que l'on qualifiera plus tard d'absolue. Il écrit ainsi : « Dieu établit les rois comme ses ministres et règne par eux sur les peuples. Les princes agissent comme ministre de Dieu et ses lieutenants sur la terre. C'est par eux qu' il exerce son empire. Le trône royal n'est pas le trône d'un homme, mais le trône de Dieu même. » (Politique tirée de l'écriture sainte, 1678-1709).

Il s'implique aussi dans les querelles religieuses qui vont ternir la deuxième partie du règne du Roi-Soleil, Louis XIV. Il se fait en particulier le champion du gallicanisme, autrement dit de la primauté du clergé national sur le pape de Rome, dans la querelle des quatre articles.

Il combat par le verbe les protestants ainsi que ses rivaux comme Fénelon (le « Cygne de Cambrai »). Celui-ci, à la fin du XVIIe siècle, se fait le champion du quiétisme, une doctrine qui s'oppose à l'ascèse du jansénisme et prône un cheminement spirituel bienveillant à l'égard d'autrui.

Retenons de Bossuet cette belle sentence, applicable à beaucoup de dirigeants : « Dieu se rit de ceux qui déplorent des effets dont ils continuent de chérir les causes ».

Publié ou mis à jour le : 2020-09-12 22:36:00

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