1er mai 1707

Union de l'Angleterre et de l'Écosse

Le 1er mai 1707 prend effet l'Acte d'Union qui unit l'Angleterre et l'Écosse au sein d'un Royaume-Uni de Grande-Bretagne (United Kingdom of Great-Britain)...

Sous la dynastie des Stuart, au siècle précédent, les deux pays avaient appris à vivre ensemble. Avec l'Acte d'Union, conséquence indirecte de la « Glorieuse Révolution » de 1688, ils n'ont désormais plus qu'un gouvernement et un Parlement, à Londres.

Un siècle plus tard, en 1801, le processus d'unification de l'archipel britannique s'achèvera avec la création du Royaume-Uni de Grande-Bretagne [Angleterre et Écosse] et d'Irlande. Mais cette unité ne va pas résister aux secousses du XXe siècle : une partie de l'Irlande arrache son indépendance après la Grande Guerre et à la fin du XXe siècle, le gouvernement de Tony Blair assouplit l'union tricentenaire en restituant aux Écossais un début d'autonomie et un Parlement à Édimbourg.

Le duc de Queensbury présente l'Acte d'Union de 1707 à la reine Anne

Fatal mariage

Autant le dire, les relations entre l'Angleterre et sa petite soeur nordique n'ont jamais été de tout repos. Connue des Romains sous le nom de Calédonie, l'Écosse a réussi à conserver son indépendance jusqu'à la fin du Moyen Âge. Paradoxalement, elle l'a perdue lorsque son roi, Jacques VI Stuart, fils de Marie Stuart, est monté sur le trône d'Angleterre à la mort de la reine Elizabeth Ière, le 24 mars 1603.

Le roi d'Écosse, lointain descendant du roi d'Angleterre Henri VII Tudor, se trouve en effet être le plus proche héritier de la « Reine-Vierge ». Il réunit donc sur sa tête les deux couronnes sans que rien ne soit changé à l'administration des deux royaumes. L'Écosse conserve son Parlement, à Édimbourg, sa capitale. Elle conserve aussi sa religion nationale, le presbytérianisme, une variante du protestantisme introduite à la génération précédente par le prédicateur John Knox. Quant à l'Angleterre elle reste très majoritairement fidèle à l'Église épiscopale anglicane, fondée par Henri VIII, père d'Elizabeth, et consolidée par cette dernière.

Notons que le nom de règne du roi lui-même diffère selon le pays que l'on considère. Il est Jacques 1er (James 1st) pour les Anglais et Jacques VI pour les Écossais.

Divergences religieuses et politiques

Pendant le XVIIe siècle, l'union personnelle des deux royaumes connaît de brutales anicroches dues très précisément aux divergences religieuses.

Sous le règne de Charles Ier, fils et successeur de Jacques Ier, les Écossais concluent le 28 février 1638 une alliance religieuse, le National Covenant, pour résister à la pression épiscopale anglicane. Il s'ensuit un conflit à la fois national et religieux. Ce sont les « guerres épiscopales ». Ce bref conflit contribue au soulèvement d'une partie des Anglais eux-mêmes contre leur roi, à la décapitation de celui-ci et à l'instauration d'une république dictatoriale sous la férule d'Oliver Cromwell.

La restauration des Stuart sur le trône anglais en 1660, en la personne de Charles II, fils de Charles Ier, n'apaise pas pour autant les relations entre Écossais et Anglais. Comme les seconds violent régulièrement le Covenant et persistent à vouloir implanter en Écosse l'Église épiscopale anglicane, les premiers se soulèvent à plusieurs reprises.

Ce n'est en définitive qu'avec la « Glorieuse Révolution » de 1688, l'éviction définitive des Stuart et l'avènement du roi Guillaume III que les Écossais obtiennent enfin le respect de leur foi... et un renforcement des pouvoirs législatifs de leur Parlement.

Mariage de raison

Tandis que l'Angleterre amorce son développement économique et se lance avec succès dans le commerce maritime au long cours, les Écossais éprouvent avec amertume la rudesse de leur condition. Leur royaume isolé, rude et pauvre, fort d'à peine un million d'âmes, ne pèse pas lourd face aux cinq millions d'Anglais actifs, stimulés par la révolution démocratique en cours.

Le 8 mars 1702, le roi Guillaume III meurt inopinément d'une chute de cheval. Petit-fils par sa mère du roi Charles Ier, il est aussi le gendre de l'ancien roi Jacques II Stuart dont il a épousé la fille Marie. Faute d'héritier direct, le roi laisse la couronne à sa belle-soeur Anne.

Peu après l'avènement de la reine Anne Stuart, le Parlement écossais laisse entendre par l'Act of Security qu'il pourrait remettre en cause une décision du Parlement de Westminster prévoyant qu'à la mort d'Anne, sans enfant, la couronne reviendrait à l'Électeur de Hanovre. Cela signifierait la fin de l'union personnelle des deux royaumes et, qui sait ?, le retour des détestables Stuart sur le trône d'Écosse !

Pour éviter ce drame, le parti des whigs lance alors l'idée de réunir les deux royaumes en un seul et, en cas de refus, menace les Écossais d'un blocus économique. La reine, dans un souci de conciliation, nomme une commission anglo-écossaise qui rédige un traité de 25 articles dont quinze se rapportent à des différends économiques et les autres au projet d'union politique.

Cet Acte d'Union («Act of Union») est ratifié le 16 janvier 1707 par le Parlement d'Édimbourg, par 110 voix contre 67 et 46 abstentions. C'est ainsi que naît officiellement le Royaume-Uni de Grande-Bretagne, avec un seul souverain, un seul gouvernement et un seul Parlement, à Westminster, où entrent 45 députés écossais (Chambre des Communes) et 16 pairs écossais (Chambre des Lords).

Le sabordage du Parlement écossais débouche sur de nombreuses émeutes populaires dans le royaume. On suspecte, non sans raison, beaucoup de parlementaires d'avoir été grassement achetés par les whigs anglais. Finalement, les esprits se calment. Il est vrai que la religion nationale n'est pas remise en cause par l'Acte d'Union.

L'union rentre dans les moeurs et les Écossais, enfin, prennent leur part à l'essor inouï de la Grande-Bretagne.

Acte d'Union de l'Écosse et de l'Angleterre (1707)

Vers un divorce par consentement mutuel ?

Il faut attendre la fin du XXe siècle, la vogue intellectuelle du régionalisme partout en Europe... et la découverte de fabuleuses poches de pétrole sous la mer du Nord, au large de l'Écosse, pour que se réveillent les velléités indépendantistes de celle-ci.

Le 1er mars 1979, un référendum approuve à une très maigre majorité la loi de « dévolution » et la reconstitution d'un Parlement écossais à Édimbourg, effective en 1999.

Enfin, un accord signé à Édimbourg le 15 octobre 2012, sous l'égide du Premier ministre britannique David Cameron, prévoit un référendum sur l'indépendance le jeudi 18 septembre 2014. L'Union ne sera-t-elle bientôt plus qu'un souvenir ?

Yves Chenal
Publié ou mis à jour le : 2020-02-17 17:24:49

Voir les 4 commentaires sur cet article

Yves Petit (03-05-2022 21:15:24)

Il y un bout de temps que je me demande si la déportation des Acadiens en 1755 n'est pas dû à cette union de l'Écosse et de l'Angleterre. La province canadienne de la Nouvelle-Écosse correspond e... Lire la suite

Jane (11-05-2013 22:42:52)

Si les particularismes régionaux étaient partout respectés dans le monde, ils n'empêcheraient pas les convergences nationales pour le bien commun dans les domaines de l'environnement et de l'accè... Lire la suite

Thibault (29-04-2013 22:25:50)

C'est très intéressants mais dommage que la partie "divorce" soit si courte. Le régionalisme écossais (et gallois) remonte, ce me semble, au 19ème siècle. Et pourquoi ne pas nous dire ... Lire la suite

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