Juifs et Arabes

L'imbroglio palestinien

La Palestine désigne la région comprise entre le Jourdain et la Méditerranée. Son nom (une déformation de « Pays des Philistins ») lui vient des Romains qui ont voulu effacer jusqu'au souvenir des juifs après la deuxième guerre juive (133-135 après J.-C.). De fait, après cette guerre et jusqu'à la recréation de l'État d'Israël en 1948, territoire de moins de 30 000 km2 (la superficie de la Bretagne) n'a plus jamais été qu'un morceau d'empire et n'a jamais constitué un État ou une nation.  

Lors de son partage sur décision de l'ONU en 1948, la Palestine comptait 630 000 juifs et 1 340 000 Arabes. Une majorité de ces derniers vivaient dans les limites territoriales octroyées à Israël par l'ONU.

Aujourd'hui, 75 ans après, la population totale a été multipliée par sept à huit sous l'effet tout à la fois de la natalité et des flux migratoires :
• L'État d'Israël occupe un territoire de 20 620 km2 avec une population de près de dix millions d'habitants en 2020, dont 3/4 de juifs.
• Les populations arabes très majoritairement musulmanes, sont supérieures en nombre à la population juive mais éclatées entre plusieurs statuts et territoires.
Cet imbroglio démographique paraît rendre inextricable la solution politique au conflit israélo-palestinien...

Israël et les Arabes palestiniens d'hier à aujourd'hui

En 1948, sous l'effet des combats ou de la peur, 600 000 résidents arabes, pour la plupart musulmans, ont fui la zone côtière de la Palestine pour un improbable asile en Cisjordanie, dans la bande de Gaza ou dans les pays limitrophes (Liban et Transjordanie). Une bonne partie d'entre eux étaient des travailleurs immigrés venus s'employer dans les fermes et les usines sionistes avant la Seconde Guerre mondiale. La plupart des habitants des montagnes de Cisjordanie, d'antique souche palestinienne, étaient restés quant à eux sur place. En sens inverse, 800 000 juifs ont été chassés des pays arabes dans les mois qui ont suivi le conflit et se sont établis en Israël.
Les réfugiés de guerre palestiniens ont été immédiatement cantonnés par l'ONU dans des camps et un organisme, l'UNRWA, a été fondé pour leur venir en aide et les prendre en charge ad vitam aeternam ainsi que leurs descendants ! Empêchés de refaire leur vie dans un autre pays arabe ou en Occident, ceux-ci vivent dans le dénuement et le ressentiment, dans l'espoir d'un hypothétique retour.
• Bien qu'en manque de main-d'oeuvre, notamment dans la région pétrolifère du Golfe, les pays arabes ont refusé d'accueillir et d'intégrer ces réfugiés.
• Dans les pays occidentaux, qui accueillent généreusement depuis 2015 des migrants illégaux de toute l'Afrique et des réfugiés syriens, afghans, érythréens, etc., les exilés palestiniens et leurs descendants sont les seuls êtres de toute la Terre à ne pouvoir s'installer !
Faute d'avoir permis aux réfugiés de 1948 de refaire leur vie dans un autre pays (comme les Arméniens, les Serbes du Kossovo, les réfugiés musulmans du Bengale, etc.), il s'ensuit qu'en ce début du XXIe siècle, on recense au Levant environ sept millions d'Arabes palestiniens, musulmans ou chrétiens, soit autant sinon plus que d'Israéliens juifs. Ils se répartissent entre Israël, la Cisjordanie, Gaza, le Liban et la Jordanie et vivent dans un dénuement extrême, sans perspective d'avenir autre que la violence (1% environ sont des survivants de l'exode de 1948).
L'État d'Israël se voit ainsi traité différemment de tous les autres États confrontés à des conflits territoriaux. On peut y voir une forme d'antisémitisme inavoué  de la part des Occidentaux et des États arabes qui maintiennent sciemment une bombe à ses frontières, contre l'intérêt des Arabes de Palestine eux-mêmes.  

Un croît naturel exceptionnel

Israël, avec un taux de mortalité infantile de 8 pour mille naissances et une espérance de vie moyenne à la naissance de 78,6 ans, ce qui implique un système sanitaire très évolué, peut être considéré comme ayant terminé sa transition démographique.

Pourtant, le pays compte l'indice de fécondité (dico) le plus élevé des pays ayant une mortalité infantile inférieure à dix pour mille naissances. Cet indice de fécondité est de 2,9 enfants/femme en 2020, donc bien au-dessus du seuil de remplacement des générations. En outre, Israël est le seul pays à longévité proche de 80 ans dont le taux de natalité dépasse 20 pour mille habitants.

L'explication d'un tel niveau de fécondité tient à l'environnement culturel et géopolitique dans lequel se trouve Israël, qui donne lieu à une « guerre des berceaux ». L'importance du contexte religieux est établie par les chiffres précisant la fécondité différentielle en Israël. 

La population d'Israël est composée de trois types d'immigrants juifs :
• Les Juifs originaires des pays germaniques et slaves, les ashkénazes, représentent, avec leurs descendants, 35% de la population totale d'Israël, sans compter ceux de l'ex-U.R.S.S.
• Les Juifs originaires des pays méditerranéens, les séfarades, représentent 32% de la population d'Israël.
• Les Juifs originaires de l'ex-URSS composent 16 % de la population.
• Le reste de la population d'Israël, soit 17 %, n'est pas de confession juive : ce sont des Arabes palestiniens de citoyenneté israélienne, très majoritairement musulmans mais aussi chrétiens et Druzes. Ils étaient 156 000 en 1948 après le départ de 360 000 « déplacés » lors de la première guerre israélo-arabe et sont aujourd'hui 1,5 million (2020).

Par un fait exceptionnel, la fécondité des femmes juives en est venue à dépasser en 2016 la fécondité des femmes arabes  (source).  Toutes catégories confondues, la population juive a une fécondité de 3,13 naissances par femme désormais supérieure à celle de la population arabe de citoyenneté israélienne (et deux fois supérieure à la fécondité moyenne de tous les autres pays développés !). La fécondité de la population israélo-arabe est de 2,85 enfants par femme, avec un avantage aux musulmans, à 3,01 enfants par femme, sur les Druzes et les chrétiens.

Au sein de la population juive, soit 84 % de la population d'Israël, les chercheurs distinguent différents niveaux de religiosité :
• Les « ultra-orthodoxes » ou haredi : ils sont 1,28 million, soit 13,5% de la population totale du pays, avec un indice de fécondité de l'ordre de 6 enfants par femme !
• Les « orthodoxes » constituent 18% de la population juive.
• Les « laïcs et religieux modérés» forment la grande majorité de la population juive (75%) avec une fécondité plus basse mais néanmoins nettement supérieure au seuil de renouvellement de la population.

D'importantes vagues migratoires

Portée par une croissance naturelle remarquable, la population d'Israël est également dynamisée par d'importantes vagues migratoires. La première vague migratoire juive vers le Proche-Orient est en fait antérieure à la création de l'État d'Israël et correspond à l'espoir caressé depuis la destruction de Jérusalem par Titus en 70. Depuis cette année 70, le peuple juif, dispersé dans le monde, entretient cet espoir : « L'an prochain à Jérusalem ». Il prend forme à la fin du XIXe siècle avec une première émigration vers l'actuel territoire d'Israël. Elle est stimulée par la publication de L'État juif en 1896, livre dans lequel Theodor Herzl affirme l'existence d'une nation juive et la nécessité pour celle-ci de retrouver une patrie.

En 1905, Chaïm Weizmann, qui deviendra en 1949 le premier président de l'État d'Israël, crée le Fonds national juif pour acheter des terres en Palestine. L'émigration de retour s'amplifie et enregistre une deuxième vague migratoire après la déclaration Balfour de novembre 1917.

Une troisième vague migratoire des Juifs vers le Proche-Orient suit la création de l'État d'Israël le 14 mai 1948.

Nombre de juifs quittent des pays arabes ou asiatiques, soit selon les estimations pour la période 1948-1975 : 250 000 du Maroc, 130 000 de l'Iran, 75 000 de l'Egypte, 60 000 de l'Irak, 56 000 de la Tunisie, 35 000 de la Libye, 26 000 de la Syrie, 25 000 de la Turquie, 15 000 de l'Algérie, 7 000 d'Aden, et 6 000 du Liban. D'autres juifs viennent des différents pays d'Europe, les chiffres les plus élevés concernant la Roumanie, 270 000, et la Pologne, 156 000.

En dehors des pays communistes où, jusqu'à la chute de l'Union soviétique, l'émigration est étroitement contrôlée, le reste du monde participe également à ce mouvement, et cette diversité des pays de départ a des effets politiques dans le pays d'arrivée, qui ne peuvent être parfaitement détaillés. En effet, dans les statistiques de l'immigration, les noms des pays ne sont pas cités, car la censure israélienne interdit de nommer le pays de départ des bénéficiaires de la loi du retour.

La fin du XXe siècle connaît en outre trois nouvelles vagues migratoires partiellement différentes, celle des juifs d'URSS, celle des Falashas, juifs originaires d'Éthiopie, puis celle des juifs de l'ex-URSS. L'État d'Israël a toujours conservé de facto d'étroites relations diplomatiques avec Moscou, qui avait voté sa création à l'ONU. Dans les années 1970, Israël obtint ainsi la possibilité d'accueillir environ 150 000 juifs originaires d'URSS, recevant ainsi sa quatrième vague migratoire depuis la fin du XIXe siècle.

Puis, dans les années 1980, les troubles civils qui se manifestent en Éthiopie mettent en évidence les risques rencontrés par une population descendant de Juifs établis depuis très longtemps dans ce pays. Israël organise alors l'émigration par voie aérienne de ces Falashas. En réalité, cette opération entraîne des résultats paradoxaux pour une immigration religieuse. En effet si, au titre de la Loi fondamentale de l'État d'Israël, l'immigration et la naturalisation automatique de toute personne pouvant justifier d'un grand-parent juif sont autorisées, il s'est trouvé que, parmi les Falashas amenés en Israël, certains étaient en fait musulmans.

La loi du retour débouchait ainsi sur ce que le quotidien Le Monde a appelé « une ironie de l'histoire du sionisme : les Arabes israéliens, qui sont en réalité des Palestiniens restés sur leurs terres lors de la création de l'État juif en 1948 ne peuvent faire venir leurs cousins de la bande de Gaza ou de Cisjordanie, mais l'Agence juive, organisme quasi-officiel, recrute des musulmans venus de pays lointains ».

Avec la vague migratoire des juifs d'URSS, puis de l'ex-URSS, une question semblable se pose. Dès que Mikhaïl Gorbatchev, en 1990, ouvre aux juifs les vannes de l'émigration, des centaines de milliers d'entre eux affluent en Israël. Cette immigration s'effectue suivant un parcours triangulaire faute de ligne aérienne directe entre Moscou et Tel Aviv. Les émigrants passent généralement par Budapest et en profitent quelquefois pour bifurquer sur d'autres destinations, comme les États-Unis. L'importance que revêt cette migration pour les autorités d'Israël est soulignée par la décision du Grand Rabbin d'autoriser les vols de la compagnie nationale israélienne El Al les jours de sabbat et des fêtes juives. À l'aéroport de Lod, une banderole portant la mention « Exodus 90 », accueille les arrivants.

Dans les années 1990, environ 700 000 juifs soviétiques sont ainsi arrivés en Israël. Dans un premier temps, personne n'a mis en doute qu'il s'agissait bien d'une immigration religieuse. Puis les Israéliens ont découvert une forte différence entre la première vague des années 1970, très imprégnée de judaïcité, et la seconde vague des années 1990, beaucoup moins pratiquante. Il était évidemment exclu d'effectuer un contrôle au pied de la passerelle, mais une enquête réalisée à l'automne 1994 conclut que près d'un tiers des cinq cent mille « juifs » alors arrivés de l'ex-URSS à cette date ne répondait pas aux critères religieux justifiant cette qualité.

Forte de ses dynamiques naturelle et migratoire, la population d'Israël connaît un taux annuel de croissance élevé, le plus souvent supérieur à 2% depuis 1950. Stimulé par la vague migratoire la plus intense consécutive à la reconnaissance de l'État d'Israël en 1948, le taux annuel moyen de croissance des années 1950 s'est même élevé à 5,1 %.

Quant à l'évolution démographique future, elle est évidemment dépendante des niveaux à venir de la fécondité et des migrations. Concernant la première, la question se pose de savoir si la fécondité d'Israël va rester une exception démographique, tandis que la composition de la population semble se diversifier après une croissance de l'immigration non-juive. Le Bureau central de statistiques d'Israël a d'ailleurs créé le concept de « population juive étendue » regroupant les juifs, les chrétiens non arabes et les individus sans religion déclarée, distinguant cet ensemble de la population arabe vivant en Israël.

Les spécificités des territoires palestiniens

Outre ceux vivant en Israël ou dans des pays étrangers, les Palestiniens habitent dans deux territoire principaux:

• Le premier, la Cisjordanie, 5 640 km2, y compris Jérusalem-Est (67 km2) a été officiellement incorporé en 1948 au royaume hachémite de Transjordanie, donnant naissance au royaume de Jordanie. Mais la Jordanie, face aux risques de déstabilisation de son propre territoire, où vivent de nombreux réfugiés palestiniens, ne tient pas à garder ce territoire qui fut occupé par Israël après la guerre israélo-arabe de juin 1967. À cette même date, Israël annexe la partie orientale de Jérusalem, mettant sous son autorité la ville divisée en 1948 en Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est.

• Le second territoire palestinien, la bande de Gaza (380 km2), séparé de la Cisjordanie par le désert du Néguev, a été placé en 1948 à titre provisoire sous administration égyptienne. Occupé par Israël lors de la guerre des Six Jours, en 1967, il a été ensuite confié  à l'Autorité palestinienne suite aux accords d'Oslo (1992). Mais celle-ci en a été chassée en 2008 par le mouvement terroriste Hamas, soutenu par la République islamique d'Iran.

Les deux ensembles palestiniens s'opposent tant sur le plan politique que sur le plan démographique.

– Cisjordanie

Après la guerre de 1967, la Cisjordanie a perdu des habitants du fait que nombre d'entre eux ont fui l'occupation israélienne, notamment vers la Jordanie et le Liban. Mais depuis 1970, la population croît très vite en raison d'une meilleure hygiène et d'une forte fécondité. Elle a été multipliée par cinq en cinquante ans, de 0,69 million d'habitants à 3,3 millions d'habitants en 2020 sous l'effet du mouvement naturel et dans le contexte d'un maelström migratoire.

– Gaza

La croissance démographique de la bande de Gaza supplante celle de Cisjordanie malgré une espérance de vie à la naissance de seulement 70,8 ans en 2010 (dix ans de moins qu'en Israël) et un taux de mortalité infantile de 20 pour mille naissances (dix fois plus élevé qu'en Israël). Son indice de fécondité reste très élevé : 6,6 enfants/femme en 2000, 4,5 en 2010. Gaza est donc, plus encore que la Cisjordanie, une exception démographique avec une population qui a augmenté de 245 000 habitants en 1950 à 2 000 000 en 2020.

Cette explosion démographique tient sans aucun doute à la  « guerre des berceaux »... et à ce que l'organisme onusien en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA) assure un minimum d'assistance à tous les habitants de l'enclave, nés ou à naître.

 
Israël
Gaza
Cisjordanie
superficie en km2
20 620
380
5 640
densité (hab/km2, 2020)
430
6 000
590
population totale (2020)
9 600 000
2 000 000
3 300 000
dont juifs
6 800 000
   

Divergences et convergences des densités

L'addition des deux Territoires palestiniens indique en 2020 une population de plus de 5,3millions d'habitants sur 6 020 km2, soit une densité de 524 habitants/km2, supérieure à celle d'Israël qui est légèrement inférieure à 300 habitants/km2.

Néanmoins, la divergence est grande entre Gaza, dont la densité atteint 6 000 habitants/km2, autrement dit celle d'une agglomération urbaine, et la Cisjordanie, dont la densité avoisine 590 habitants/km2, soit un chiffre qui n'est pas considérablement supérieur à celui d'Israël. On peut même le juger inférieur dans la mesure où la grande majorité du peuplement d'Israël se concentre dans la moitié nord du pays, notamment dans l'étroite bande côtière entre la Cisjordanie et la mer Méditerranée, où se trouve la principale agglomération économique d'Israël, Tel-Aviv-Jaffa, environ 450 000 habitants en 2020, tandis que le sud du pays, comprenant le Néguev, est très peu peuplé. L'autre ville importante, Jérusalem, compte 900 000 habitants en 2020 dont 60% de juifs et près de 40% de musulmans, ces derniers résidant essentiellement à Jérusalem-Est.

Demeurent en suspens la question des réfugiés palestiniens établis en Jordanie, au Liban ou plus généralement dans le Moyen-Orient ainsi que la question des colonies juives den Cisjordanie, et des Palestiniens résidant en Israël sans en avoir la citoyenneté. Selon les chiffres de 2017, l'UNRWA a ainsi enregistré environ 500 000 réfugiés au Liban, autant en Syrie et deux millions en Jordanie. Ces trois millions de réfugiés viennent s'ajouter aux neuf millions de Palestiniens vivant entre le Jourdain et la Méditerranée.

Il est donc difficile de prévoir comment va évoluer la répartition du peuplement du Proche-Orient, car elle dépend aussi de l'attitude des diasporas juive et palestinienne comme des évolutions géopolitiques.

D'après Gérard-François Dumont in : Les populations du monde, Paris, Éditions Armand Colin, deuxième édition, 2004.
Publié ou mis à jour le : 2024-01-02 19:30:39
de Haas (26-10-2023 14:12:54)

Excellent article. Hamas un mouvement terroriste? Comme l'Irgoun?

Jean-Jacques Branchu (25-01-2009 23:19:25)

Qu'il me soit permis de m'étonner de ce que cet article reprenne sans réserve la thèse officielle de l'exil de la presque totalité du peuple juif après la destruction du temple de Jérusalem par ... Lire la suite

MALKI (09-10-2006 10:24:04)

Bonjour, Permettez moi de constater encore, suite à cet extrait qu'avec de telles densités de population et de tels taux de natalité, impensables à notre époque, comment peut-on imaginer ces pop... Lire la suite

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