11 février 660 av. J.-C.

Naissance légendaire du Japon

Le 11 février de l'an 660 av. J.-C., Jimmu Tennô, un descendant de la déesse du Soleil, Amaterasu Omikami, érige le premier palais du Japon.

De ce jour date la naissance de l'Empire du Soleil levant.

C'est du moins ce qui ressort de deux livres sacrés rédigés au VIIIe siècle de notre ère, le Kojiki et son complément, le Nihongi. Ils racontent comment plusieurs générations de divinités se succédèrent dans le ciel et sur la terre jusqu'à l'avènement d'Izanagi et de sa soeur Izanami. De leur union naquirent l'archipel nippon et les esprits divins qui l'habitent (les Kami).

 

La déesse Amaterasu sortant de la caverne, estampe de 1887Izanami étant morte en couches, Amaterasu Omikami naît peu après de l'oeil droit d'Izanagi. Un temps malmenée par son frère Susano, elle choisit de se cacher dans une grotte, privant le monde de sa lumière et de sa beauté. Les divinités réussissent par ruse à l'en faire sortir en proclamant qu'elles ont déniché une déesse qui surpasse en beauté toute la création. Curieuse, Amaterasu consent à sortir pour s'en rendre compte et que voit-elle en fait de beauté suprême ? Elle-même dans le reflet d'un miroir !

Réconciliée avec son frère, elle prolonge avec lui la lignée divine jusqu'à un humain d'essence divine, Jimmu Tennô, premier empereur nippon.

Fête nationale

En 1872, l'empereur Meiji a fait officiellement du 11 février l'anniversaire de la fondation de l'empire selon la tradition shintô. Abolie par les Américains en 1945, la fête nationale a été rétablie en 1966.

La voie des esprits

La déesse Amaterasu rappelle la Déesse-Mère des premières sociétés humaines, du temps où la femme trônait encore au centre de la vie sociale.

Elle figure au centre du culte shintô, la religion traditionnelle du Japon et est honorée dans le célèbre sanctuaire d'Ise, entre Osaka et Tokyo. Celui-ci, comme tous les sanctuaires shintô, est séparé du monde temporel par un portique symbolique, le torii (photo ci-contre).

Shintô est un mot chinois qui dérive de shen (esprit) et tao (voie). Sa traduction japonaise est Kami no michi, ou voie des esprits.

Le shintô reconnaît en effet la présence d'esprits (Kami) dans les éléments de la nature (lacs, rochers, grottes, forêts....). Ces esprits se déplacent, tantôt dans la montagne, tantôt dans la vallée.... Il en existerait 800 millions (!), les plus célèbres Kami étant Hachiman, Inari, Tenjin.... à la limite Amaterasu elle-même.

Pour l'historien Odon Vallet, « le Japon demeure le seul grand pays de la planète dont la religion principale puisse être qualifiée d'animiste » (Histoire des religions, Gallimard). Mais l'affirmation est discutable car les esprits du shintô se déplacent et ne se confondent pas avec les éléments naturels ou les objets, alors que les religions proprement animistes attribuent une âme aux objets et aux éléments de la nature eux-mêmes (c'est le sens du mot animisme).

Le shintoïsme, religion officielle du Japon

En 1867, quand l'empereur Meiji s'approprie le pouvoir absolu, il a soin de réaffirmer sa filiation avec Amaterasu et le caractère sacré de sa dynastie. Il instaure aussi un shintô d'État au détriment du bouddhisme importé de Chine.

Après la défaite de 1945, sous la pression des Américains, l'empereur Shôwa, connu de son vivant sous le nom de Hirohito, convient publiquement qu'il n'est pas d'ascendance divine. Les liens entre l'État et le culte shintô sont officiellement coupés.

Le shintô des sanctuaires demeure néanmoins très vivant. Ainsi, lorsque débutent de grands travaux comme le percement d'un tunnel, un prêtre shintoïste ne manque pas de bénir le chantier pour apaiser les esprits de la nature.

Cela dit, si la majorité des Japonais font allégeance au shintô, la majorité, et souvent les mêmes, suivent avec la même ferveur les préceptes bouddhistes. Cette religion a été introduite avec succès sur l'archipel au VIe siècle de notre ère.

Détachée de la nature et de la matière, elle s'oppose de toutes les façons possibles au shintoïsme. Cela ne rebute pas les Japonais qui pratiquent un syncrétisme pratique : ils sont shintoïstes dans les événements heureux (naissances, mariages) et bouddhistes dans les événements graves, en particulier les funérailles.

Publié ou mis à jour le : 2022-03-18 19:13:51

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